En-dehors, on conseille aux femmes enceintes de manger des dragées pour que leur grossesse se déroule dans de bonnes conditions. Outre la fertilité, la dragée est utilisée pour favoriser la digestion et avoir bonne haleine. Aujourd’hui encore, il faut savoir que la dragée est réputée pour ses vertus médicinales, notamment à cause de l’amande et de ses apports vitaminiques.
Pas de festin de roi sans dragée
Mets de fête, la dragée devient une friandise d’exception indissociable du faste monarchique et de la pratique du pouvoir. En 1575, Henri III est sacré Roi de France dans la cathédrale de Reims. Il reçoit pour l’occasion douze boîtes pleines de dragées. 28 ans plus tard, Henri IV en reçoit le double lors de son passage à Verdun, ville d’origine de la dragée. Sous le règne de Louis XIV, la dragée est appelée « épice de chambre ». Elle est conservée dans des vases d’or et d’argent (des Drageoirs) dans lesquels se servent les invités de la Cour.
Si la dragée se diffuse verticalement vers le pouvoir, elle se répand horizontalement à travers toute l’Europe. Cette diffusion est notamment le fait de Catherine de Médicis. Ce n’est pas un hasard. Il convient de rappeler à quel point la souveraine était friande de sucrerie. Elle a joué un rôle important dans l’habitude de consommer une pâtisserie en fin de repas en guise de dessert. En l’espèce, c’est elle qui a introduit la dragée, parmi d’autres pastilles (fabriquées par… Pastilla, son confiseur d’origine italienne) dans les cours du continent. Elle fait preuve de créativité avec des dragées sous formes de pralines et d’autres ressemblant à des graines. Elles peuvent même se présenter sous l’apparence d’un fruit que l’on vient enrober de confitures. Progressivement, la dragée dépasse les frontières hexagonales et se répand dans toute l’Europe jusqu’en Anatolie et en Russie.
L’avènement de la dragée moderne
Il faut attendre le XVIIIème pour voir apparaître la dragée telle que nous la connaissons actuellement. Plus précisément, elle est l’oeuvre de l’illustre Pecquet, confiseur en titre de la famille royale qui s’est notamment illustré lors des baptêmes de Louis XVI et Louis XVIII. C’est lui qui a inventé la dragée lisse obtenue grâce un procédé quelque peu besogneux. Ainsi, le sucre autour de l’amande doit être cuit dans des bassines toute la journée. Objectif : parvenir à ce que l’amande soit recouverte de 60 couches de sirop ! Parallèlement, la recette est réglementée. En 1726, un arrêté prohibe le recours à la farine et à l’amidon dans la confection de la dragée. 51 ans plus tard, une ordonnance royale fait des confiseurs les uniques détenteurs du privilège du commerce du sucre. Le monde des dragées change. L’époque des apothicaires est terminée. Verdun n’est plus la capitale de la dragée. C’est désormais Paris où réside Pecquet qui devient le fournisseur officiel de la Cour.
Après la Révolution française, le produit se modernise encore à mesure qu’il se démocratise au sein de la société. Moulefarine puis les confiseurs Peysson, Jacquin et Delaborde mettent au point la turbine à dragée qui facilite et industrialise leur fabrication. Le prix du produit baisse ce qui le met à la portée de toutes les bourses.
Il n’en reste pas moins un mets dégusté lors des grandes occasions.